Le blog de bi-gay.erog.fr
Le naturisme est-il asexué ? J’aime beaucoup ce débat, inépuisable sur les sites, blogs et forums naturistes. D’un côté les tenants du naturisme encarté, familial et parqué, tendance euro-nordique et non exempte d’un certain conformisme, voire d’un certain puritanisme. De l’autre les libertaires, partisans de la liberté dans la nature sous la seule réserve de ne pas heurter les autres.
Le débat traditionnel était plutôt entre nudistes et textiles, avec heureusement une évolution générale, au moins en France, vers une tolérance réciproque. Si les gens se choquent moins de voir certains quitter leur maillot en bout de plage publique, en revanche il y a encore des naturistes qui s’offusquent s’ils voient un maillot ou un tricot de corps dans une zone estampillée “naturiste”. Laissons-leur cette intransigeance qui est elle-même révélatrice d’une rigidité à la limite du sectaire.
Le débat plus intéressant est celui qui s’est reporté sur la dimension sexuelle ou non du naturisme – avec de véritables polémiques sur ce que sont devenues certaines zones balnéaires comme au Cap d’Agde, ou certains endroits reconvertis en “bésodromes” attirent exhibitionnistes et voyeurs pour des spectacles propres à choquer les moins prudes. Le débat a été rude et dure encore sur blognaturiste.com, par exemple. il est certain que ces excès desservent grandement le développement serein – et autorisé – du nudisme public.
Au-delà des excès, la question est de savoir si montrer son sexe relève de l’exhibitionnisme (que la loi poursuit) ou si le sexe fait partie du corps le plus naturellement du monde. Avec deux questions immédiates : comment fait-on pour traverser une plage à poil en s’interdisant de bander ? Et les couples non hétérosexuels sont-ils une atteinte aux bonnes mœurs ou une chose naturelle ?
Pour la première question, ceux qui vivent à la campagne ou même les citadins qui ont visité un zoo dans leur vie savent que la nature n’est pas prude, au contraire. Les animaux ne pensent qu’à ça, manifestement, et ne sont pas regardants sur le sexe de leur partenaire. De plus, l’examen du corps des autres participe à l’éducation : quel est l’adolescent qui n’a pas découvert son corps en regardant celui des autres sur la plage ?
La longue pratique du naturisme sauvage m’a quand même appris que la vraie liberté n’est pas de se déshabiller dans une foule avec un maximum d’inhibitions spontanées ou forcées, mais de parcourir la nature en toute et libre nudité pour en goûter la sensualité, celle du soleil, du vent, de la mer, des arbustes, même de la pluie.
Un plaisir que partagent parfois ceux qui se retrouvent dans des endroits discrets sinon secrets, comme certaines calanques entre Marseille et Cassis. D’autres vont plus loin, il me reste à le découvrir, en pratiquant en petits groupes ce qu’on appelle la “randonue”, terme explicite et sport parfaitement naturel au milieu des paysages les plus sauvages.
Dernière remarque sur la naturisme sauvage. Il n’est pas seulement le plus proche de la nature, loin des campings organisés. Il est aussi l’occasion de rencontres du troisième type, entre gens libres et loin des mateurs. Pas besoin de faire un dessin, dans certains cas aucune inhibition ne vient retenir l’aiguille du potentiomètre... Et aucun témoin ne vient troubler de parfois bien joyeuses fraternisations.