Le blog de bi-gay.erog.fr
Comme il. n’y a pas de GPS pour explorer le monde au-delà de l’orthodoxie hétérosexuelle, les rencontres individuelles sont autant de repères servant à baliser les frontières entre terres et mers, comme autrefois les îles et rivages vierges découverts par les navigateurs, et dont la compilation au fil des siècles a permis d’établir les contours de la planète..
Mais contrairement à la navigation, qui se déroule en général en deux dimensions, sauf naufrage et immersion, l’exploration de la sexualité se fait en trois dimensions et demande à chaque instant de relativiser les points de vue pour ne pas étiqueter les gens et les ranger abusivement dans des cases. Bien des psychanalystes depuis Freud y ont laissé leur raison et, sans offenser personne, la psychanalyse est le parangon des sciences molles, celles qui ne peuvent s’établir sur aucune certitude scientifique.
Où diable veut-il en venir ? Je ne le sais pas moi-même mais mon intention n’est pas ici de toucher à la psychanalyse, je n’ai pas le divan ni surtout la culture nécessaires (l’art de la divanation)… Ma découverte tardive des cheminements de la sexualité m’apprend qu’il y a un déterminisme social, souvent, ou culturel, parfois, mais pas forcément physique, et certainement pas dans le sens commun du yin et du yang, d’une féminité opposée à une masculinité. C’est la question rituelle “tu cherches koi”, qui cache en fait un angoissant “té ki toi, et tu te situes comment, dessus ou dessous ?”
Ouf, bravo si vous suivez ! En fait je veux parler des passifs par opposition aux actifs. Une supposée féminité opposée à la masculinité par une supposée défaillance de virilité. Quelle erreur ! C’est le mec qui confond passivité avec impuissance, défaillance physique relative, ou avec soumission, qui n’a rien à voir non plus puisque c’est une attitude qui va au-delà de la passivité…
Tout ça pour dire que j’ai rencontré des passifs rudement bien montés, et qui avaient même des relations hétérosexuelles, mais qui trouvaient plus de plaisir et d’épanouissement personnel à recevoir l’acte sexuel qu’à le donner (formulation très prude, mais chacun aura compris sans qu’on ait besoin de faire “un mal intense aux mouches”). Tout en y participant activement, bien entendu, car passivité n’est pas inertie. Ma discrétion ne m’autorise pas à publier les photos, mais qu’il suffise de savoir que souvent, il faut une légende à la photo pour savoir qui est le passif de service.
Pas nécessaire de dénoncer ici ces fiches où de respectables maris et pères de famille viennent s’encanailler en goûtant de la relation sexuelle inverse. Il y a parmi eux beaucoup de hardis navigateurs explorant eux aussi les mers inconnues au-delà du monde balisé de l’hétérosexualité. Et si l’on considère que chaque individu, homme ou femme, possède en lui une part de masculinité et de féminité, pourquoi n’aurait-il pas le droit aussi d’avoir des comportements sexuels multivoques ? A la différence du courant continu (DC), où il ne faut pas inverser les pôles sous peine de provoquer un court-circuit, on trouve dans cette dimension sexuelle un courant alternatif (AC) où les pôles s’inversent en permanence et à haute fréquence. C’est ma petite contribution à faire sortir l’étude de la sexualité des sciences molles… et une façon de citer AC/DC !
Et pour conclure, je promets de ne plus jamais prendre un passif pour un impuissant, et de ne pas poser des questions oiseuses genre “mais tu n’as jamais goûté à une fille !” avec le ton de certitude arrogante d’un missionnaire armé de la vraie religion et s’adressant au sauvage ignorant. Au fait, le Vendredi de Robinson Crusoé, il était actif ou passif ? Il faudra que je relise sa fiche !
Ami lecteur, si tu trouves que ces propos sont insupportables, sache que la provocation est l’arme de la liberté et que le conformisme est la chose la plus réactionnaire du monde. Tu peux donc, soit les ignorer et retourner à la compulsion compulsive de tes fiches, soit exprimer un point de vue radicalement différent que je serai ravi de faire figurer comme commentaire. Subjectivité n’est pas inactivité… Et je suis prêt à boire la ciguë, il en reste : Socrate en a laissé un fond.