Dimanche 4 septembre 7 04 /09 /Sep 12:14

1279 Héros du film de Luchino Visconti après avoir été celui du roman de Thomas Mann, Tadzio l’adolescent idéal reste une apparence inaccessible, un mythe au vrai sens du terme, idéalisé par des prismes successifs et immortalisé par cette double création au-delà de toute réalité charnelle – d’où le drame de l’être humain fasciné par la beauté alors qu’il est voué à son propre dépérissement et à sa disparition. Un être humain incarné dans le film par Dirk Bogarde alias le professeur Gustav von Aschenbach, alias Gustav Mahler, héros romantique par sa quête impossible …

 

TMTADZ2 Le vrai Tadzio a existé, éphèbe polonais passant ses vacances en famille au Lido de Venise et rencontré par Thomas Mann en 1911. Tellement réel qu’il a survécu au-delà de sa légende puisqu’il a vécu jusqu’en 1986, après une vie de père de famille découvrant tardivement, vers 1964, le mythe qu’il portait, grâce aux recherches du traducteur de Thomas Mann confirmées par la fille de l’écrivain.

Bref, le vrai Tadzio, qui se nommait Władysław Moes, et qu’on appelait enfant "Adzio" ou "Władzio", a perdu son enveloppe angélique pour devenir un homme normal, à l’opposé du rôle « d’ange de la mort » que lui donne le scénographe.

Un ange de la mort qu’on visualise dans la très belle scène du final où, entré dans les flots jusqu’à mi-jambe dans le contre jour du soleil levant sur l’Adriatique, et se sachant observé par le compositeur, il étend son bras et pointe du doigt non pas le ciel, ni l’enfer, mais certainement l’au-delà.

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Celui que Visconti a choisi pour incarner son ange inaccessible, le Suédois Björn Andresen, a lui aussi eu visconti219 un destin singulier. Repéré par le réalisateur lors d’un casting à travers les écoles de plusieurs pays scandinaves, le choix évident pour Visconti n’empêche pas celui-ci de mener à bien toute sa tournée des castings prévus, avant de revenir confirmer son choix initial.

Björn était alors l’adolescent parfait, et des images du casting, ci-contre, le montrent plus jeune et plus frêle que dans le film.

Forcément, plusieurs mois se sont  passés lorsque le tournage commence et, remarque drôlement le scénographe Nicola Badalucco, « il avait grandi et forci, avec de grands pieds d’homme – mais son visage restait celui d’un ange ».

Bjorn-Andresen-Beautiful-Boy Le film montre déjà ce double aspect contradictoire, cette double réalité qui fait la richesse de l’adolescent : un tout jeune garçon aux boucles tendres et au teint diaphane lorsqu’il est en costume de marin, un adolescent costaud et chahuteur lorsqu’il est en maillot…

Andresen est alors emporté par une déferlante, celle d’être devenu malgré lui une icône du désir homosexuel. Il est aussi adopté et adulé par les Japonais, qui en font un produit commercial pour leurs publicités, et son image se retrouve comme emblème des « beaux mecs », avant de devenir un héros des Mangas.

Rejetant ce rôle dans lequel il se sent enfermé, sans renier la popularité dont il tire quelques avantages, il tente en vain de prendre ses distances. Dans quelques interviews embarrassées citées sur Internet, il se serait plaint d’avoir, au moment du tournage, été emmené par l’équipe de Visconti dans des clubs gays. Tout ne reconnaissant avoir eu plus tard des « expériences homosexuelles » : « j’ai eu une expérience homosexuelle dans les années 1970 ; les gens découvraient alors la dimension gay et dans le milieu du show-biz, l’homosexualité a été très populaire en Suède : ça faisait moderne, quelque chose de chic. Je crois qu’il faut goûter à tout. Je l’ai fait un peu pour dire que j’avais essayé, mais en fait ce n’est pas vraiment ma tasse de thé », a-t-il raconté à El Mundo magazine .

images Devenu un acteur de second rang, Andresen a également eu une carrière de compositeur de musique. Sans devenir Mahler pour autant…Mais rien ne lui donnera le même prestige que le film de Visconti. Et son image aujourd’hui, alors qu’il a atteint l’âge de Dirk Bogarde dans le film (il a 56 ans), montre un adolescent vieilli, au sourire sympathique mais sans plus rien d’angélique…

Pourtant Tadzio survit. Dans le regard des uns, dans la beauté insolente de certains adolescents, ces fulgurances dont ils ne savent pas combien elles sont évanescentes. Cette fragilité si bien racontée par Ronsard :

 

« Mignonne, allons voir si la rose

qui ce matin avait éclose

sa robe de pourpre au soleil,

a point perdu, cette vêprée,

les plis de sa robe pourprée

et son teint au votre pareil ».

 

La beauté est immortelle, justement parce qu’elle est passagère – mais elle existe d’abord dans le regard de celui qui la perçoit. C’est ce que je veux développer plus tard…

Par bi-gay.erog.fr - Publié dans : Films - Communauté : les blogs persos
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