Films

Dimanche 25 mars 7 25 /03 /Mars 03:16

 

246_11152 Enfin retrouvé ce film prémonitoire des rébellions de la jeunesse européenne, le mai 1968 de toute une génération, « If…. » de Lindsay Anderson, avec non pas trois points de suspension mais quatre, comme une rafale d’arme automatique.

images Un film tout en violence subies, en révoltes contenues et en explosions cataclysmiques.

Mais avec de la tendresse aussi, entre jeunes solidaires face à un système répressif absurde, fait de contraintes sans logique et d’une discipline arbitraire, et découvrant malgré tout l’amitié, l’émotion et l’amour.

 

 

tumblr_lcyadfxTz61qbhnrvo1_500 Le film, apparemment transposé de l’expérience personnelle du scénariste John Sherwin dans le pensionnat de Tonbridge School, décrit les contradictions d’une discipline prétendument acceptée et en fait interprétée à leur guise par les petits chefs que sont les étudiants du niveau supérieur, les Whips.

If.... (10) Ceux-ci se font servir par les plus petits dans un climat équivoque, infligent des sanctions physiques, tolèrent ou favorisent le bizutage par les élèves eux-mêmes, absurde et humiliant, sans aucun recours, avec un encadrement dépassé ou passif (professeurs, prêtres) qui confond conservatisme et militarisme jusqu’à jouer à la guerre en tenue de combat et avec de vraies armes – qui finiront par avoir de vraies munitions.

 

 

If.... (15) If.... (22)

L’année scolaire se déroule avec son cortège d’études, de sanctions, de repas au réfectoire, de bains collectifs, de prières et de chants, mais aussi de chahuts, de séances sportives, de manœuvres militaires. Pas une seconde à soi, un couvre-feu le soir avec extinction des lumières dans les dortoirs, l’atmosphère est étouffante. L’évasion, c’est les sorties, avec l’emprunt d’une superbe moto BSA – le mythique twin britannique – qui permet de s’envoler dans le paysage…

1968-bsa-lightning Pour Mick Harris (Malcolm McDowell), le chef de la résistance des jeunes collégiens, symbole à lui tout seul de la libération, l’amour est condensé dans une scène forte où, se découvrant un fort attrait pour une jolie serveuse de bar, laquelle subit la même attraction, il se lance avec elle dans une danse d’amour de deux fauves impossible à décrire avec des mots. Lindsay Anderson joue merveilleusement du télescopage de la réalité, du songe et du symbole, sur fond de musique sacrée dont le Sanctus de la Missa Luba congolaise…

b0106921_6394437 tumblr_lps7kvbEUu1qlimhjo1_400 Pour le jeune Bobby Phillips (Rupert Webster), inévitablement dressé à subir les plus anciens dans un collège anglais conforme à la légende d’un système masculin fermé, jusqu’à la caricature, c’est la fascination pour un jeune sportif de trois ou quatre ans son aîné, Wallace (Richard Warwick), qui le fait littéralement « craquer » dans une scène unique, où rien n’est dit sauf dans l’échange des regards, c'est-à-dire tout.

4838171188_8f9198c126 Cette scène très dépouillée, où Wallace fait une éblouissante démonstration de force et d’agilité aux barres parallèles, tandis que Bobby le regarde du haut de la galerie, complètement envoûté, dure quelque trois minutes, ou même pas, mais elle est plus forte que d’autres en apparence beaucoup plus violentes, avec usage massif d’armes à feu.

lindsay-anderson-1968_6_527170

Rupert webster On n’en saura pas plus sauf un plan très bref où les deux jeunes dorment côte à côte dans le même lit, puis le fait qu’il est associé à la « bande des trois » lorsque ceux-ci préparent leur projet insurrectionnel, mais je ne veux pas raconter davantage sur le récit du film, où la réalité n’est que le symbole d’une bouillonnante révolte de génération qui se termine en folie sanguinaire.

if-malcolm-mcdowell If 2  

“If” dérange une société endormie, remporte un succès certain à sa sortie qui lui vaudra la Palme d’or au festival de Cannes de 1969. C'est en voyant ce film que Stanley Kubrick découvre Malcolm McDowell et va lui confier le rôle principal d’Orange mécanique. On trouve de remarquables critiques et récits de ce film, ainsi que d’innombrables photos sur Google. Pour ceux qui veulent le voir ou le revoir, on le trouve très facilement sur les principaux sites de films et vidéos.

webster guitariste Richard Warwick continue sa carrière d’acteur et on le retrouvera notamment dans ‘Sebastiane’, autre film symbole, tout en latin, tandis que Rupert Webster, à part deux petits rôles pour la télévision britannique, se tournera vers la guitare après s’être installé à Boston, dans le cadre d’échanges universitaires, et se fera connaître dans la Free Music et le Rythm & Blues.

Lui-même explique que sa mère étant actrice, il voulait trouver sa propre dimension dans un autre art. Ses copains racontent qu’il parle rarement de « If », mais que c’est sa femme qui en parle plus souvent et tous concordent à dire qu’il était lui-même dans son rôle, timide et sensible. Certainement convainquant, en tous cas, et fier d’avoir eu un rôle de premier plan… Une fois Lindsay Anderson lui avait dit : “tu sais, ça a été ta grande scène…”, sans dire laquelle. C’est pourtant évident !

Par bi-gay.erog.fr - Publié dans : Films - Communauté : les blogs persos
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Dimanche 4 septembre 7 04 /09 /Sep 23:54

 

Bjorn-Andresen-Tadzio Objet d’art sur lequel le professeur Aeschiman, compositeur allemand, porte un regard amusé, l’ange Tadzio est d’abord absent, lointain, puis devient conscient qu’il admiré et finit par retourner le regard inquisiteur.

La force du film de Visconti, qui le montre mieux que le roman de Thomas Mann mais reflète fidèlement le désarroi de l’artiste allemand tel que ressenti par Mann, c’est lorsque l’observation objective devient un tourment subjectif, à travers les regards appuyés de celui qui devient ainsi l’ange exterminateur.

 

visconti-6-Bjorn-Andresen-copie-1 Le débat qui se déroule dans le roman, dans la tête de l’écrivain, devenu dans le film une dispute entre musiciens, porte sur la problématique de la création artistique : Aeschiman-Mahler se fait critiquer par son collègue et ami qui lui reproche de souffrir d’une vision trop abstraite, trop éthérée, l’auteur étant réfugié au sommet d’une pureté froide et dénuée de sentiments  ; il va se faire chahuter pour sa musique trop académique par un public insatisfait, qui le contraint à fuir précipitamment le contact – le regard – avec ce public.

Réfugié dans sa solitude à Venise, loin de tout regard dérangeant, l’artiste disserte dans sa tête en posant son regard plein de certitudes tout autour de lui. Il n’a pas prévu, lorsqu’il est séduit par cette image du frêle adolescent, que cet adolescent lui retournerait son regard, mieux, commencerait à jouer de ce regard comme d’un pouvoir destructeur, d’abord en le refusant, puis en le braquant sans complaisance sur son « voyeur ».

1274197_3_07c0_visconti-et-bjorn-andresen-non-date Toute la force du film tient dans ce jeu des regards, regards cherchés, regards évités ou fuis, regards finalement échangés et où l’artiste va s’engloutir en découvrant avec malheur sa propre attirance. Intéressant de voir ce jeu des regards, entre la fiction et la réalité : en marge du tournage, Visconti apparaît séduit et Björn respectueux et admiratif du maître, comme si tous les deux étaient intimidés par leur rencontre.

bogarde4 tournage mort Puis ce sont Björn et Dirk Bogarde qui se font face, assez proches, dans une parenthèse anodine du tournage. Une image éloignée de la trame du film.  Bogarde très sûr de lui, se regardant sans doute lui-même, lui l’acteur fétiche de Visconti, avec un peu de complaisance, et le jeune Suédois qui lui jette un regard sévère. Une face à face de proximité impossible dans l’histoire, qui est une quête inassouvie.

 

 

24gn6yt Le seul moment où l’écrivain approche de l’ange blond, jusqu’à caresser ses cheveux, est ce moment de rêve éveillé où l’artiste se voit mettre en garde la mère pour l’implorer de fuir Venise et son épidémie de peste, devenant ainsi le sauveur de Tadzio. Un moment qui n’existe pas, une proximité qui ne se réalise pas, donc, sauf dans son imagination…

Derrière la caméra, dans la réalité de l’histoire du film, le jeu devient plus contrasté. Bogarde regarde l’adolescent, évite son regard qui le trouble, puis va le rechercher. L’acteur suédois, adolescent qui reconnaîtra avoir joué non pas un rôle mais son propre personnage, n’a pas de mal à distiller son regard comme un jeu, lui qui est adulé par tous : sa mère, sa gouvernante, son ami le maître-nageur, et le vieil écrivain. Il le voit le suivre, se retourne vers lui, lui lance des regards interrogateurs. On aura droit, moment magique, à un ballet improvisé autour des piliers de la plage du Lido, qu’il enroule pour se retourner et faire face à son suiveur…

1307041950_italie_mort-a-venise-1970-06-g C’est le regard qui rend fou. Le compositeur tombe amoureux, s’y refuse par principe puis s’y résigne par romantisme – le thème de la décadence est central chez Mann – et tente de se refaire une jeunesse par des Mort----Venise artifices de son barbier, se damnant littéralement pour séduire à son tour son séducteur. Pathétique et superbe, car l’homme déjà malade trouve le ressort pour se hisser vers la lumière. C’est lui qui va donner sa dimension romantique à une histoire de toutes façons sans issue.

Forcément sans issue. Les bagages de la famille polonaise étaient déjà dans le hall, la famille partait après un dernier bain, l’artiste allemand serait resté stupidement seul s’il n’était pas mort ans cette dernière illumination, tel le papillon se jetant dans les flammes de la lampe. Qu’aurait-il fait sinon ? Il serait reparti pour Munich, et n’aurait pu qu’envoyer des SMS à son jeune ami… Lequel lui aurait répondu, de façon moins romantique : « lâche-moi les baskets vieux pervers », tout en chattant avec son copain le maître-nageur. La mort romantique est parfois une plus belle chute… mort-a-venise-3_303

Par bi-gay.erog.fr - Publié dans : Films - Communauté : les blogs persos
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Dimanche 4 septembre 7 04 /09 /Sep 12:14

1279 Héros du film de Luchino Visconti après avoir été celui du roman de Thomas Mann, Tadzio l’adolescent idéal reste une apparence inaccessible, un mythe au vrai sens du terme, idéalisé par des prismes successifs et immortalisé par cette double création au-delà de toute réalité charnelle – d’où le drame de l’être humain fasciné par la beauté alors qu’il est voué à son propre dépérissement et à sa disparition. Un être humain incarné dans le film par Dirk Bogarde alias le professeur Gustav von Aschenbach, alias Gustav Mahler, héros romantique par sa quête impossible …

 

TMTADZ2 Le vrai Tadzio a existé, éphèbe polonais passant ses vacances en famille au Lido de Venise et rencontré par Thomas Mann en 1911. Tellement réel qu’il a survécu au-delà de sa légende puisqu’il a vécu jusqu’en 1986, après une vie de père de famille découvrant tardivement, vers 1964, le mythe qu’il portait, grâce aux recherches du traducteur de Thomas Mann confirmées par la fille de l’écrivain.

Bref, le vrai Tadzio, qui se nommait Władysław Moes, et qu’on appelait enfant "Adzio" ou "Władzio", a perdu son enveloppe angélique pour devenir un homme normal, à l’opposé du rôle « d’ange de la mort » que lui donne le scénographe.

Un ange de la mort qu’on visualise dans la très belle scène du final où, entré dans les flots jusqu’à mi-jambe dans le contre jour du soleil levant sur l’Adriatique, et se sachant observé par le compositeur, il étend son bras et pointe du doigt non pas le ciel, ni l’enfer, mais certainement l’au-delà.

28338620

 

Celui que Visconti a choisi pour incarner son ange inaccessible, le Suédois Björn Andresen, a lui aussi eu visconti219 un destin singulier. Repéré par le réalisateur lors d’un casting à travers les écoles de plusieurs pays scandinaves, le choix évident pour Visconti n’empêche pas celui-ci de mener à bien toute sa tournée des castings prévus, avant de revenir confirmer son choix initial.

Björn était alors l’adolescent parfait, et des images du casting, ci-contre, le montrent plus jeune et plus frêle que dans le film.

Forcément, plusieurs mois se sont  passés lorsque le tournage commence et, remarque drôlement le scénographe Nicola Badalucco, « il avait grandi et forci, avec de grands pieds d’homme – mais son visage restait celui d’un ange ».

Bjorn-Andresen-Beautiful-Boy Le film montre déjà ce double aspect contradictoire, cette double réalité qui fait la richesse de l’adolescent : un tout jeune garçon aux boucles tendres et au teint diaphane lorsqu’il est en costume de marin, un adolescent costaud et chahuteur lorsqu’il est en maillot…

Andresen est alors emporté par une déferlante, celle d’être devenu malgré lui une icône du désir homosexuel. Il est aussi adopté et adulé par les Japonais, qui en font un produit commercial pour leurs publicités, et son image se retrouve comme emblème des « beaux mecs », avant de devenir un héros des Mangas.

Rejetant ce rôle dans lequel il se sent enfermé, sans renier la popularité dont il tire quelques avantages, il tente en vain de prendre ses distances. Dans quelques interviews embarrassées citées sur Internet, il se serait plaint d’avoir, au moment du tournage, été emmené par l’équipe de Visconti dans des clubs gays. Tout ne reconnaissant avoir eu plus tard des « expériences homosexuelles » : « j’ai eu une expérience homosexuelle dans les années 1970 ; les gens découvraient alors la dimension gay et dans le milieu du show-biz, l’homosexualité a été très populaire en Suède : ça faisait moderne, quelque chose de chic. Je crois qu’il faut goûter à tout. Je l’ai fait un peu pour dire que j’avais essayé, mais en fait ce n’est pas vraiment ma tasse de thé », a-t-il raconté à El Mundo magazine .

images Devenu un acteur de second rang, Andresen a également eu une carrière de compositeur de musique. Sans devenir Mahler pour autant…Mais rien ne lui donnera le même prestige que le film de Visconti. Et son image aujourd’hui, alors qu’il a atteint l’âge de Dirk Bogarde dans le film (il a 56 ans), montre un adolescent vieilli, au sourire sympathique mais sans plus rien d’angélique…

Pourtant Tadzio survit. Dans le regard des uns, dans la beauté insolente de certains adolescents, ces fulgurances dont ils ne savent pas combien elles sont évanescentes. Cette fragilité si bien racontée par Ronsard :

 

« Mignonne, allons voir si la rose

qui ce matin avait éclose

sa robe de pourpre au soleil,

a point perdu, cette vêprée,

les plis de sa robe pourprée

et son teint au votre pareil ».

 

La beauté est immortelle, justement parce qu’elle est passagère – mais elle existe d’abord dans le regard de celui qui la perçoit. C’est ce que je veux développer plus tard…

Par bi-gay.erog.fr - Publié dans : Films - Communauté : les blogs persos
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Dimanche 30 janvier 7 30 /01 /Jan 22:38

aph_0  

Le film “Le secret de Brokeback Moutnain” a déjà eu le temps de mûrir, sorti pour la première fois en 2004 – le temps d’arriver dans les DVD soldés (10 € à la FNAC), une aubaine, l’occasion de le découvrir ou de le redécouvrir. L’histoire non politiquement correcte, au moins dans les collines du Wyoming, de deux cow-boys qui se découvrent une passion violente, qui va les marquer pour toujours. A vrai dire, il a choqué en Europe aussi puisque deux scènes ont d’abord été censurées en Italie, ce qui ne l’a pas empêché de remporter le Lion d'Or lors de la 62e Mostra de Venise, en 2005.

 

600full-brokeback-mountain-photo Salué comme un chef d’œuvre du réalisateur taïwanais Ang Lee, auquel on doit aussi “Tigres et Dragons”,  ce film est en réalité dérangeant pour d’autres raisons. Aussi imprévisible que la vraie vie, aussi difficile à maîtriser que le sont les deux destins, on rage de voir que les deux jeunes gens devenus adultes, et même mariés, sont empêtrés dans la réalité sociale et ne parviendront pas à se réaliser pleinement, alors même que leur secret finit par être largement éventé.

 

Peut-être est-ce là la marque du chef d’œuvre : pas de “happy ending” à l’américaine, pas de héros positifs qui réussissent à infléchir leur destin vers une issue commune, mais deux errances malheureuses, tellement conformes à la vraie vie.

 

Ennis Del Mar, Heath Ledger (en haut à gauche), est un jeune vacher plus vrai que nature, avec un parler entre les dents rugueux et à peine compréhensible, sauf pour les natifs du Middle West. Accrochez-vous aux sous-titres. Jack Twist, Jake Gyllenhaal (en haut à droite), le plus déluré, le plus aimant, le plus impatient, qui se heurte à l’inertie mortifère non pas d’un individu mais d’une société, d’un pays, d’un paysage.

 

Movies_Films_B_Brokeback_Mountain_009480_

  Leur “rencontre” est naturelle, spontanée, et survient lors d’un alpage partagé comme bergers saisonniers au cœur de la nature, au milieu des moutons, des grizzlys, des chevaux et des fantastiques montagnes du Wyoming dont la Brokeback Mountain. Seule la lune sera le témoin de leur fusion initiale.

 

Après le retour des troupeaux dans la plaine, la vie les sépare, ils se marient, font des enfants, sans s’avouer qu’ils gardent en eux le souvenir d’une rencontre fugace mais éternelle. Retrouvailles maladroites mais fortes, puis régulières mais lointaines dans une vie de routine. Pas par hasard, ils se réfugient chaque fois au cœur de la nature, entre lacs et forêts, pour fraterniser et défoncer le mythe du cow- secret-de-brokeback-mountain-2005-05-g boy macho incarné par John Wayne.

 

 

Il faut quand même être bon public et entrer dans la peau des deux acteurs pour les comprendre et les suivre dans leur périple incertain, sur vingt ans de vies séparées. Les épouses sont malmenées, pas par eux mais par l’histoire, pour ne pas dire que les femmes sont ici présentées de façon un peu caricaturale, sauf à la fin la mère de Jack. Mais on pardonnera le réalisateur, parti sur une autre démonstration. heath-ledger-brokeback

 

 

Car c'est pour une fois une histoire d’hommes, avec des silences à la place des dialogues, un langage du corps, des soupirs et des expressions plus souvent tragiques qu’heureuses, coincés comme le sont ces deux personnages au bonheur inassouvi.

 

On ne raconte pas le dénouement d’un film et je ne raconterai donc pas l’histoire. Mais le destin a rattrapé les deux acteurs puisque la mort a cueilli non pas Jack, mais l’acteur australien qui joue Ennis, le très prometteur Heath Ledger, retrouvé mort dans sa chambre d'hôtel à New York en 2008. Aucun rapport, mais le fait de savoir que ce rôle aura été l’un des derniers de Ledger (il jouera encore les rôles de Bob Dylan et Batman) donne au film une dimension presque épique : il restera pour toujours Ennis Del Mar, le cow-boy inconsolé… 

Par bi-gay.erog.fr - Publié dans : Films
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Samedi 29 janvier 6 29 /01 /Jan 00:38

19242480.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100203_032342.jpgAussi beau que Mort à Venise, de Visconti, The Single Man de Ford, sorti l’année dernière, traite le thème des amours non accomplies entre un homme d’âge mûr et un jeune, cette fois un professeur de littérature et un de ses étudiants. Aussi beau esthétiquement que le premier, le film de Ford est riche de ses regards, ses silences, ses non-dits, avec une grande force émotionnelle dans les sentiments.

 

A la différence du compositeur allemand, l’universitaire britannique assume sans l’afficher son homosexualité, puisqu’il a partagé pendant seize ans la vie d’un compagnon plus jeune, fauché par un accident de la route. Son ancienne fiancée lui court après, mais les années et l’abus de gin tonic ne l’ont pas arrangée, et le réalisateur la met visiblement moins en valeur, alors que c’est une belle femme, que le jeune Kenny, Nicholas Hoult, lumineux et armé d’un sourire ravageur.

 

19242433.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100203_031635.jpgContrairement à Tadzio, qui se dérobe sans fuir le regard et joue d’être désiré par ce vieux monsieur un peu ringard, rien de malsain ici dans l’approche directe et ouverte de Kenny. L’atmosphère est moins morbide, la musique dramatique de Mahler n’est plus le fond sonore, on est dans l’Amérique positive des années soixante, avec une incomparable richesse de reconstitution dans les vêtements, les coiffures (chignon pour les filles), les juke-boxes, les groupes rocks et surtout les voitures. Ah, ce cabriolet Mercedes !

 

19242434.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100203_031635.jpgJe ne vais pas raconter toute l’histoire, qui se déroule très lentement, au rythme meurtri d’un deuil inguérissable. Le héros principal, ne surjoue pas sa douleur muette et traverse le quotidien et ses contraintes sociales avec un dégoût croissant de la vie.

 

L’arrivée insistante du jeune Kenny va faire briller le soleil un instant dans sa vie basculée en noir et blanc – le travail du metteur en scène sur les lumières est superbe, la couleur revient chaque fois qu’un événement heureux vient rompre le cercle de la mélancolie.

 

19242458.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100203_031917.jpgLa fin est belle, sans logique car il ne peut pas y avoir de logique dans la sarabande irrationnelle de la vie et de la mort. Disons qu’elle n’est pas aussi pathétique que Mort à Venise. Sans raconter le détail, c’est encore une fois Kenny qui aura permis au professeur de ne pas ajouter le deuil au deuil, laissant finalement faire le destin.

Difficile d’oublier en sortant le sourire de l’archange Kenny… Un acteur à suivre !

Par bi-gay.erog.fr - Publié dans : Films
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires

Profil

  • bi-gay.erog.fr
  • Le blog de bi-gay.erog.fr
  • Homme mur et jeune, marié et bi, yang et yin, d'affirmation et de dialogue, curieux d'écouter les autres et de rapprocher les contraires

Présentation

Recherche

Calendrier

Janvier 2025
L M M J V S D
    1 2 3 4 5
6 7 8 9 10 11 12
13 14 15 16 17 18 19
20 21 22 23 24 25 26
27 28 29 30 31    
<< < > >>

Catégories

Derniers Commentaires

Créer un Blog

Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus